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LES
ASILES JOHN BOST
A LAFORCE
(Dordogne)
R L'ETAT
TS D'I'TILITfe PUBL1QUE
Le 7 geptembre
PARIS
PROTESTANTES
1891
^^^^^
■H
AVIS TI\i:S IMPORTANT
(Ne le perdez jamais de vue.)
Adresscr tout c ['Administration
\ silcs h M. le paste ur Ernest RAVUOUX, direc-
ted g&idral, et m renveloppe:
Dim
,ES »
AJrcsse L'i [uo:
ccAsiles. — La; — Dordogne.*
Pieces
& foumir a rappui de toute
demande d'admission.
i°Extrail de
2° Gertifleat de bapteme;
3° Certilieat de deu cins eonstalaut Lien
exactement. l'dtat sani la personue et le3
marques de boui
4° Cons; on ties tulcurs;
B°Consentemcnt pension unnuelle
qui varie suivant lcs Asiles et la position particu-
Here des postulants.
Toutes ces
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ASILES JOHN BOST
A LAFORCE
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LES
ASILES JOHN BOST
AJLAFORCE — /\
(Dordogne)
RKCONNUS PAR L'tfTAT
COMME ETABLISSEMENTS D'UTILITE PUBLIQUE
Le 7 septembre 1877
LA FAMILLE EVANGELIQUE
BETHESDA — EBEN-HEZER — SILOE
BETHEL — LE REPOS
LA RETRAITE — LA MIS&UCORDE
LA COMPASSION
PARIS
AUX LIBRAIRIES PROTESTANTES
1891
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yGOOg
k -id
LES ASILES DE LAFORCE
La Famille
BMhesda . .
Asile pour des jeunes filles : 1° orphe-
lines ; 2° placees dans un mauvais
entourage ; 3° de protestants diss6-
mines.
Asile pour des jeunes filles ; 1° infirmes
ou incurables ; 2° aveuglcs ou mena-
ceesde cecite; 3° idiotes, imbeciles ou
faibles d'esprit.
lsTben-H^zer • . Asile pour des jeunes filles epileptiqucs.
Silo6 Asile pour des garcons : 4° infirmes ou
incurables ; 2° aveugles ou menaces
de cecite ; 3° idiots ou imbeciles.
Bdthel Asile pour des garcons epileptiqucs.
Le Rep OS . • Asile pour des institutrices incurables,
des mailresses d'ecole infirmes, des
dames veuves, celrbataires ou sans
ressources.
La Retraite. . . Asile pour des servantes, des femmes
veuves ou celibataires, infirmes et
sans ressources, que lcur education
no permet pasdadmetlre au Repos.
La Mis6ricorde Asile ouvert a des filles : 1° idiotes
g&leuscs, ayant perdu toute leur
intelligence ; 2° epileptiques qui sont
idiotes ou infirmes.
La Compassion Asile ouvert a des garcons : 1° idiots-
galeux, ayant perdu toute leur intel-
ligence ; 2° epileptiqucs - idiots et
infirmes.
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2^g
Conseil d'Administration
7 rSsident MM. L. Domenget, ancien magistrat &
Bergerac.
Vife-Prfsident . . . Henri Couve, de Bordeaux.
Secretaire J. Laforgue, pasteur aux Briands.
Secret, honpraire. H. Lauga, pasteur a Reims.
Assesseurs
Gust ave Boy, propr. a Bergerac.
E. Monbrun, pasteur a Angouleme.
E. Oberkampff, receveur des finances
a Alais (Gard).
Labrousse, pasteur a Bergerac.
Du Peyrou, propr. a Bergerac. .
5 ifi ion : i de *»*■" •
J. Siegfried, du H&vre.
Pedezert, professeur a Montauban.
J. Monod, d° d° ~
J. de Seynes, de Montpellier.
Westphal-Gastelnau, de Montpellier.
E. Bruneton, de Nimes.
Laurens, tresorier p^yeur general de..
la Dordogne a Perigueux.
Germain, propr. a S* Avit.
Louis Sautter, ....
J. Guex . . .
P. Mirabaud ) a Paris.
0. Soulier, pasteur, .
D r F. Charon-Bost . .
*- *>m1i^i8B iff rt J
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La Fete des Asiles John Bost !
t
II ne faut jamais desesperer, de rien, mais j
surtout du temps. Et cela malgr£ pronpstics ;
et prophetes. Avons-nous consulte, a partir ;
du 4 ou du 5 juin les bulletins meteorologiques .
de Pobservatoire de ParisIIls etaient desolants!
Toujours ils annon9aient de la pluie, des
averses, des .depressions barometriques. Et
jour apres jour leur donnait raison. Heureuse-
ment ils ont fini par se tromper, comme k
l'ordinaire et bien a propos. Le mercredi 10
a et£ d'un pluvieux.... alarmant ; il fallait une
confiance premeditee, obstinee pour esp6rer..;
les croyants, dont j'etais, ont eu. raison et le
jeudi II a ete le premier d'une s6rie de beaux
jours.
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8 LES ASILES JOHN BOST
Aussi que de monde a Laforce ! Nos amis
nous restent fiddles et font meme en juin,
boule de neige. Un miracle de plus a l'actif
de cette charity qui en accomplit tant et n'a
pas fini.
C'est que, pendant assez longtemps, on s'est
conduit vis a vis des Asiles, comme on le fait
bien souvent a l'egard des merveilles de la
nature quand elles ont le defaut d'etre trop
a portee. Que de fran9ais vont chercher en
Suisse ou ailleurs des sites charmants et
grandioses alors qu'ils ont tout pres d'eux les
tableaux admirables ou ravissants des Pyre-
nees, des Cevennes et, on peut le dire, de
toutes nos montagnes nationales ! Que de
personnes de Perigueux a Bordeaux, pour ne
parler que de celles-la, ne se doutent pas
qu'elles ont a Laforce une oeuvre presque sans
egale, un vrai miracle chr£tien et chaque
annee une journee qui leur donnera a la fois
edification, instuction et plaisir ? C'est si pres,
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LES ASILES JOHN BOST 9
c'est si facile d'y aller qu'on renvoie tousi
les ans et je connais bien des protestants qui,
s'ils continuent, feraient comme le paysan,!
heros d'une chanson jadis c£lebre .... ils mour-b
ront sans avoir vu les Asiles ! Tenez-vous lee
pourdit, gens de pres et gens de loin; quandt
vous le voudrez bien, vous risquez de ne plus 2
le pouvoir ; car si les Asiles, sous la benedic-s
tion de Dieu, grandissent et prosperent, et,s
comme la charite dont ils sont le fruit, ne peri-a
ront jamais, vous, pauvres freres, vous decli-2
nerez, bientot peut-etre, et vos forces' trahi-s
ront un jour votre volonte. N'attendez pas^
trop, amis connus et inconnus, venez bient
vite ! s
Vous auriez entendu cette annee tine vivante-
et saisissante predication. M. Dhombres, pas-,
teur a Paris, malgr£ la grande 6preuve qui-
Ta prive de la vue, est venu nous parler de laj
charity ; il a 6te droit a nos coeurs et y a portei
le celeste et joyeux message. Tout l'auditoire-
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IO LES ASILES JOHN BOST
3 ■
a senti la meme emotion le p£n6trer et Penle-
pververs Dieu, lorsque, dansune peroraison
s simple et touchante, il a fait allusion a ses
<yeux d£sormais sans flamme et s'est mis au
rang des infirmes, des affliges, des aveugles
qui l'ecoutaient. On peut dire qu'il nous
apportait lui aussi un miracle a constater et a
admirer : celui de l'affliction supportee, accep-
tee avec confiance, avec joie ! Que Dieu lui
nrultiplie ses graces et lui maintienne la force!
II disait, a la seance de l'apres-midi, qu'il
venait de faire sa dernier e folie : M. Pedezert
lui a fourni la veritable epithete en disant
sainte folie et a traduit les voeux de tous en
souhaitant que ce ne fut pas la derniere.
Apres Tentre-acte nutritif qui reunit chaque
annee a « La Famille » un nombre croissant
d'amis affam^s, Tassemblee s'est reformee
dans le temple pour y Scouter les rapports
accoutum£s. La seance a et£ interessante,
captivante. M. le professeur Pedezert, qui
fe*-
LES ASILES JOHN BOST 1 1
pr6sidait, nous a donn6 lecture d'un travail
dans lequel avec une grande indSpendance
de jugement, un esprit .... bien connu, et une
precision presque photographique il a fait
paraitre et revivre devant nous la personne
si originale, si marquante du fondateur des
Asiles, John Bost. M. P6d6zert a mis sous
nos yeux un vrai tableau du maitre et n'fe
oubli6 aucun des traits de cette physionomiie
puissante et riche. Nous avons vu bien dels
portraits ou mSdaillons, tous fiddles, de notr|e
ami disparu ; aprfes dix ans, M. Ped6zert, vienjt
de nous le montrer, tel qu'il 6tait en nos
souvenirs, en nos cceurs ; il a fait jaillir l'Stiri-
celle mystSrieuse et il la lui a rendue, si bien,
que pendant un instant nous avons vu l'homi-
me, nous l'avons entendu ! — Qu'il Scrivt
encore quelques pages comme celle-la, en s&
vieillesse feconde et laborieuse, notre profes;-
seur retraite et ce qu'il aura fait dans ses loisirls
balancera ce qu'il fit en son activity.
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LES ASILES JOHN BOST
\pres lui, le President dii Conseil d' Admi-
ration des Asiles a rendu hommage k deux
egues,enlev£s cette ann6e anotre affection
ont les noms ont souvent retenti dans le
ade protestant avec Pexpression de sincere
legitime regret. II y a quelques annees ils
laient a la meme seance de notre fete ;
.tre jour ils £taient encore rSunis dans nos
isees ; ils ne parlaient plus ; on parlait
ux, 6loign6s par la grande, la profonde
.ence.
vlais voici le directeur general ; il se lfeve ;
e verse un verre d'eau ; il va done etre
g....armons-nous de courage. II commence
sa voix pleine, ronde et chaude ; 9a se fait
mter ...... ; ce n'est pas du tout comme
in6e derniere ; C'est du nouveau, avec du
it, de Thumour, de l'entrain ; il poursuit et
Tecoute encore; il se tait.... Quoi c'est
a fini ? Et Ton craignait que ce fut long !
le verre d'eau ? II n'a pas bu ! C'etait une
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LES ASILES JOHN BOST I 3
menace, une malice, une coquetterie de rap-
porteur expert. Je ne dis rien du rapport....
il ne depend que de vous de le lire.
Le docteur Rolland, M. Dhombres, M. Jean
Monod ont tour k tour ^mu et charme l'assis-
tance. Des chants joyeux, harmonieux, repo-
saient, par moments, de ces voix graves
d'hommesgravesetdeuxheuressesont£coul6es
rapides et, si tous le veulent, b6nies par tous.
A la sortie l'assaut des voitures a commence,
rappelant aux classiques d'entre nous, une
fable de la Fontaine, avec une variante l£g£re:
Ce n'est pas tout d'etre charm£s, ravis .... il
faut partir d'ici. Mais Laforce n'est pas un
puits:c'est une source. Pour s'en aller on
descend ; que Dieu nous permette d'y remon-
ter tous l'annee prochaine, car ce n'est pas
seulement une source, c'est un Thabor.
J. L.
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14 LES ASILES JOHN BOST
Discours de M. P6d6zert
PRESIDENT DE LA FfiTE
Chers Amis,
J'ai un regret; j'ai parle dans un livre recent
des Chretiens Sminents que Dieu m'a fait la
gr&ce de connaitre, et je n'ai rien dit du fonda-
teur des Asiles de Laforce.Jevoudrais reparer
cet oubli, qui est presque k mes yeux une
injustice. Je n'ai 6crit aucune notice; je n'en
6cris pas aujourd'hui. J'essaye seulement de
retracer une image digne de figurer k cot6 des
autres.
« Mes pensSes, disait le Seigneur, ne sont
pas vos pens£es, et vos voies ne sont pas mes
voies. » Les pens6es et les voies divines sont
plus sages que les notres. Heritier des gotits
paternels, John Bost voulait embrasser la
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LES ASILES JOHN BOST #5
carriere des Thalberg, et des Litz. II avait les
aptitudes comme les ardeurs d'un veritable
artiste. II se sentait digne, et il se croyait ca-
pable d'obtenir de beaux honneurs mondains.
Ses succ6s justifiaient ses esperances. • Dien
lui reservait d'autres distinctions.
II mit au cceur du jeune pianiste une ambi-
tion plus haute : celle d'etre un fidele et, s y il
le pouvait, un eminent ministre de Jesus-
Christ.
A peine converti, John Bost se rendit a la
Faculty de M&ntauban. II etait plein d'esp£-
rance. L'esperance se changea vite en decep-
tion. II fallait apprendre les langues de St-
Augustinj deClxrySoStome, d'Esaie. Ses efforts
fiirent opiniatres et vains. L'impuissance etait
manifeste. Les professeurs Adolphe Monod,
de Felice et Bonifas conseillerent a leur jeune
Sieve de quitter la Faculte, malgre leur regret
et-lesien. Pour tranquilliser sa conscience, ils
lui accordferent, d'un commun accord , un temo'i-
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l6 LES ASILES JOHN BOST
gnage, je pourrais presque dire un certificat
verbal d'incapacit6. Je ne rappelle la que ce
que John Bost rappellait souvent lui-m§me. Je
l'ai entendu, plus d'une fois, raconter fort
agreablement sa m6saventure d'etudiant en
theologie. La premiere fois que je le vis, a
Laforce, il me montra deux pauvres petites
idiotes, qu'il avait recueillies dans sa propre
maison, et il me dit , je ne voudrais pas assurer que
ce fut sans quelque malice :« Voila ma theolo-
gies Je lui r6pondis :« Continuez, c'est la
meilleure.» II a continue ; on sait avec quel
succes. Ne pouvant pas faire des etudes, il a
fait des ceuvres.
Ses ceuvres sont connues; l'ouvrier aussi.
Mais chacun Fa vu k sa maniere; je l'ai vu a la
mienne. Je voudrais dire comment il m'est
apparu.
En toute chose il faut faire la part de la na-
ture, ce premier don de Dieu. John Bost a da
beaucoup a lasienne. En lui Fhomme a gran-
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LES ASILES JOHN BOST 1 7
dement servi le chrStien.
Quiconque Paurait connu, aurait pu pr6-
dire que, s'il Stait croyant, il le serait ferme-
ment. II avait Tesprit trop resolu pour Tavoir
inquiet. Dans son fort int£rieur le oui Stait
oui. le non 6tait non. Comme tout homme, il
6tait expose a errer ; iletait incapable d'osciller.
II crut sans reserve et sans retours. II crut ce
qu'avaient cru ses pferes, ce que croyaient ses
meilleurs amis. II le crut sur la simple autorit6
de la Parole de Dieu, veritable et unique
regie de safoi. Cette foi repond aux d6sirs et
suffit aux besoins des natures simples et fortes.
John Bost se prSoccupait peu des difficultes.
Si certains hommes sont n£s pour la recherche
dela v6rit6, d'autres sont n6s pour la pratique
des devoirs. John Bost etait de ce nombra.
L'apdtre avait dit : « Montre-moi ta foi par
tes oeuvres » il la montrait, c'est k dire la justi-
fiait ainsi. A ceux qui auraient trouve que
ses oeuvres n'etaient pas des arguments, il
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1 8 LES ASILES JOHN BOST
aurait, fait comme il Tetait, r£pondu: Donnez-
en de meilleurs.» En me montrant ses Asiles >
il m'aurait dit encore : « Voiia ma theologie »
et moi j'aurais repondu de nouveau : « C'est
la meilleure. » C'est dans sa foi qu'il faut
chercher la cause de sa charity. A quoi pen-
sait-il avant sa conversion ? aux honneurs,
aux seuls honneurs. Artiste, il aurait pu don-
ner quelques moments aux miserables de ce^
fnonde ; chr£tien, il leur a consacre sa vie. Sa
charity etait essentiellement biblique, comme
le prouvent les noms memes qu'il a donnes A
ses premiers Asiles : Eben-Hezer, Bethesda,
Bethel, Silo£. Et parce qu'elle etait biblique^
elle enveloppait Tame et le corps.
Charite vraiment courageuse, terneraire-
meme au jugement humain. Au sortir de la
Faculty, seul, sans fortune, sans aide, sans,
conseils, John Bost osa bien fonder la Famille
Evangelique. C'eut et£ assez, peut-etre tror>
pour tin autre ; c'etait peu pour hri. II entre-
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LES ASILES JOHN BOST 1 9
prit davantage, confiant en Dieu et en ses
freres. A la voix de John Bost, il est arriv6
des millions dans le village de Laforce.
Ces millions, il ne les attendait pas, il allait
leschercher en France, en Suisse, en Hollande,
-en Ecosse, en Angleterre. II allait done de
lieu en lieu plaider la cause de ses pauvres
affliges. Ses discours etaient des rScits, mais
quels rScits ! On Stait a Laforce, on assistait
aux spectacles des dernieres miseres humaines,
on voyait les infirmes que cet ami ne cessait
de voir, on entendait les cris qu'il ne cessait
d'entendre, on tressaillait k Tome d'une parole,
d'une priere, d'un cantique sortis une bouche
mourante et impuissante. On se sentait au
coeur une sympathie profonde pour le mis6ri-
cordieux consolateur. Quand il avait ainsi
6mu les ^mes, il ne les pressait pas, il semblait
dire k ses auditeurs : « faites ce que vous
.voulez » et ils faisaient ce qu'il voulait.
John Bost etait de ceux qui aiment mieux
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20 LES ASILES JOHN BOST
porter les fardeaux tout seuls que les
partager. II pourvoyait et suffisait a tout au
dedans, commeau dehors. Niretenu, nipouss6,
a peine conseille. II etait Fame de son oeuvre et
laseule. On se demandaitcequ'elle deviendrait
apres lui, on s'inqui£tait de Pavenir ; il eut le
m£rite de s'en inquieter aussi et k temps. II
fit reconnaitre ses Asiles par PEtat et il remit
ses pouvoirs a un grand comity qui le nomma
president a vie. II pouvait mourir et il est
mort en paix, car s'il etait utile encore, il
n'6tait plus nScessaire. Belle fin d'une belle
vie de directeur.
Dans les derniers temps, il exprima un d6sir
qui ne laissa pas que d'etonner quelques-uns
de ses meilleurs amis. II voulait etre pasteur
au meme titre que les autres, c'est-^-dire avec
un diplome de bachelier en thSologie. Ce
dipldme 6tait inutile k Texercice de son minis-
t&re et non moins inutile k son honneur eccterfr
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LES ASILES JOHM BOST 2 I
astique. Mais il y tenait. Je lui conseillai de
preparer une these. « Moi, une these, me
repondit-il, mais vous savez bien que je ne le
puis pas et que je ne suis qu'un ignorant ;
Quel sujet pourrais-je aborder, je vous prie ?»
« Un sujet que vous connaissez mieux que
nous ; la charite. » II le fit. II vint me voir la
veille de la soutenance. II etait fort emu. Je
croyais qu'il feignait Pinquietude. II Teprou-
vait r£ellement et profondement. Je cherchai a
le rassurer. « Je suis, lui dis-je, le premier
attaquant. Avez-vous peur de moi, ou pensez-
vous que mes deux collegues soient moins
bienveillants, c'est - a - dire moins justes que
moi ? » Ce n'est pas aux professeurs
que je pense, mais les jeunes gens vous
savez» « je sais qu'ils vous parleront, com-
me vous m6ritez qu'on vous parle. Vous n'etes
juste ni envers eux, ni envers vous-meme.»
Cet homme qui n'avait craint aucun auditoire
dans aucun pays, craignait le petit audi-
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22 LES ASILES JOHN BOST
toire de notre Faculty. Le lendemain, nous
avions devant nous un candidat qui touchait
& la vieillesse, honor6 d'une haute recompen-
se acad£mique, decorS de la legion d'hon-
eur, fondateur d'oeuvres admirables, et main-
tenant defiant de lui-m§me et des autres. L'6-
tudiant qui prit la parole au nom de ses con-
disciples, exprima un profond respect pour
sa personne, une vive admiration pour ses
Asiles. Sur le champ, le candidat redevirit
lui-meme ; il raconta ses anciens efforts et
son impuissance a la Faculty, son arrivee
et ses premiers travaux k Laforce ; il s'a-
bandonna k toutes les Amotions de son ame
et charma ses jeunes auditeurs. Ce pretendu
incapable fut avec les professeurs ce qu'il
avait 6te avec les Sieves. II 6tait sur son
terrain. « Le plus embarrass^ de nous deux,
lui dis-je, n'est pas celui que vous pensez. » Je
voudrais bien vous voir a ma place.* « Jevou-
drais bien y etre». . .«Eh bien, lui dis-je encore
LES ASILES JOHN BOST 23
ell sortant de la salle, qui avait raison de vous
ou de moi ? Que pensez-vous maintenant de
cette heure ? » «Cestlaplus belle de ma vie,
fen porte au fond du coeur Fineffa9able sou-
venir. » — II avait conquis enfin le parchemin
qu'il avait vainement dSsire aux jours de sa
jeunesse. Quant a nous, nous ne devions pas
voir deux foisun pareil candidat,niune pareille
soutenance .
II est des hommes qu'on serait tente d'appe-
ler des lieux communs d'hommes ; ils ressem-
blent a tout le monde et tout le monde leur
re'ssemble ; medailles sans relief, monnaie
sans effigie, images sans traits. John Bost se
detachait nettement sur le fond humain. II
6tait un Bost, mais un BoSt sui generis. D'un
abord facile, d'un accueil cordial, d'un com-
merce aimable, d'une conversation originale
et vive, d'une gaite qui avait resists aux annees^
m6me a la maladie. C'etait a son foyer, dans
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24 LES ASILES JOHN BOST
sa belle et hospitaliere demeure, qu'on etait
heureux de le voir et de l'entendre.
Et cependant, il £tait, lui aussi, un homme
semblable a nous. Quand je ie compare soit k
Adolphe Monod, soit a M. Jalaguier, je suis
frappe du contraste ; niles pieux scrupules de
Tun, ni la calme sagesse de l'autre, ni l'in-
quiete conscience des deux. Je veux m'en
tenir a une anecdote de John Bost lui-mSme.
I16tait a Menton. II avait convoqu6 une reu-
nion d'Anglais, selon son habitude. Selon son
habitude aussi, il avait choisi unbon president.
C'etait Spurgeon. Le grand orateur dit dans
son discours :« Je n'aime pas a me trouver pres
de Georges Muller ; je me sens g£n6 et humili6 ;
il est trop parfait pour moi. Au contraire, je
me sens tout k fait k mon aise avec mon ami
John Bost; il a, lui, des defauts comme moi. »
Oui, il en avait et il en convenait, puisqu'il
approuvait les paroles de Spurgeon, en les
rapportant.
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LES ASILES JOHN BOST 2$
J'exprimerai ma pensee en un mot : John
Bost a ete un apotre ; il n'a pas 6te un saint.
Je l'ai remarqueailleurs, quand il gravissait,
jeune et humili6 d'un recent echec, le coteau
de Laforce, il n'avait aucun pressentiment de
ce qu'il allait y faire. II n'etait rien, il ne pro*
jetait rien. II ignorait les vues de Dieu sur lui.
II n'y avait dans le village d'exterieurement
religieux qu'une Eglise et un vieux temple,
resteou dependance d'un chateau disparu. On
sait ce qui s'y voitmaintenant. Un seul homme
a tout fait. Chaque fois que je vais a Laforce,
mon admiration se renouvelle. Je me rapelle et
je rSpete le mot du poete : « Lui partout, »
Lui dans ce gracieux presbytere, lui dans ce
beau temple, lui dans ces demeures de la souf-
france ; lui partout, lui toujours. Les huit
asiles honores de son nom, sont les dura-
bles tSmoins de son passage sur la terre. II
a passe, comme son maitre, en faisant du
bien. Je donne a sapersonne et&savie les
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26 LES ASILES JOHN BOST
deux noms qu'il a donnas k ses deux dernife-
res maisons : la Misericorde et la Compas-
sion. Au grand jour, quand le roi dira aux
misSricordieux et aux compatissants. «Venez
les benis de mon pere, » c'est a John Bosf
aussi que cette parole s'adressera. Oh ! la
louange, oh le bonheur !
Mon ami Rayroux, vous etes le successeur
de John Bost ; soyez aussi son imitateur
jusqu'aux dernieres forces, et puisse un jour
une autre voix amie b£nir ici votre memoi-
re, comme aujourd'hui nous y b£nissons la
sienne.
Les hommes s'en vont ; mais ces trois
choses demeurent : la foi, Tesperance et
la charite ; la plus excellente des trois, c'est
la charite et, dans la charity elle-meme, ce
qui est le plus excellent c'est la sympathie
pour la souffrance. Ouvrons, ouvrons nos
iimes & cette sympathie.
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^ c A'ciT-tec tatt m w\si -^T} —
LES ASILES JOHN BOST 27
Discours de M. L. DOMENGET
President du Conseil d' Administration
Chers Amis,
Quelques mots seulement pour vous remer-
cier de votre empressement k vous rendre
comme par le passe a notre fete annuelle. Ce
t£moignage de votre sympathie pour nos Asiles
nous touShe profond£ment. II est aussi, je n'en
saurais douter, une cause toute particuliere de
reconnaissance envers Dieu pour celui qui,
dans son affliction, n'a pas craint de repondre
&Pappei que nous lui avons adress£ de vouloir
bien venir de nouveau £difier les populations
protestantes de nos contrees. Qu'il me per-
mette de lui exprimer ici toute notre gratitude
pour un si gen£reux concours.
Je pourrais vous dire ; cher amis, que la
marche de nos Asiles est toujours prospere et
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"TIT " LES ASILES JOHN BOST
que de g£nereux dons nous mettent a meme de
mener k bonne fin l'ceuvre de la reconstruction
de Bethesda. Mais je ne veux pas anticipersur
les communications que vous fera bientot no-
trecher ethonoreDirecteur general. Permettez-
moi pour aujourd'hui de fixer un moment votre
attention sur les pertes particulierement sen-
sibles que nous avons eprouvees depuis la
fete de 1890: celles de MM. Augustin Bost
et de E. de Pressens6.
M. Augustin Bost, frere aine de notre bien
aim6 fondateur, etait venu jeune dans nos
Asiles et il y avait appris a les aimer. Qui
pourrait ne pas s'interesser aux infortunes qui
y sont recueillis et aceux qui enprennentsoin
quand il s'est rendu compte et des besoins de
nos malades et des soins constants dont ils sont
TobjetPPlus tard, quand John Bost constitua
un conseil d'administration afin de faciliter sa
tache etd'assurer la continuation de son oeuvre,
il appela son frere & en faire partie. Celui-ci
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r
LES AS1LES JOHN HOST ~Zy
n'hesita pas a repondre a son desir et depuis
lors il se fit un devoir et un plaisir de venir
chaque annee, une fois au moins, prendre part
a nos deliberations. On n'a pas oublie Tentrain
qu'il apportait a raccomplissement de son
mandat, rechauffant le zMe de chacun, vivant
au milieu des malades et du personnel des
Etablissements, s'interessant a tous les details
de Toeuvre.Caustiqueparfois, mais bienveillant
au fond, il etait heureux de se retrouver au
milieu des malheureux, d'en recueillir les soucis
et les plaintes comme aussi les illusions et les
esperances, aimant a rapporter au pays de
Geneve, sa noble patrie, et au sein de sa
famille les emotions et les joies qu'il
avait retrouvees parmi nous. II etait rajeuni,
me faisait l'honneur de m'ecrire sa digne com-
pagne chaque fois qu'il revenait de Laforce
etquelques jours avantsafin, il songeait encore
malgre ses tristes infirmites, a revoir ses Asiles
affectionnes. Ses forces ne le lui permirent
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30 LES ASILES JOHN BOST
pas. — Dans sa stance d'hier, le conseil cTad-
ministration a, d'une voix unanime, choisi; :
pour le remplacer M/le docteur Charon-Bost,
gendre de notre regrette fondateur. Sa sym-
pathie bien connue pour nos Asiles, la sym-
pathie qu'il inspire lui-m6me et TamSnitS de
son caractare nous dictaient ce choix qui seraj
je n'en saurais douter, ratifi6 par tous les amis
de Toeuvre.
M. de Pressens£, coeur vaillant et intelligen-
ce d'elite a jou£ un grand role dans notre
Eglise protestante et aussi dans la politique.
Je n'ai pas a le suivre sur ce double terrain ou
il marcha toujourssans fl£chir et sans broncher,
donnant ainsi un noble exemple que trop peu
de personnes savent imiter. Je ne veux vous
entretenir ici que du coll&gue k cote duquel je
m'honore d'avoir siege pendant plus de dix ans.
Eleve du college protestant de Sainte-Foy,
ou il etait entour£ de jeunes gens dont plu-
sieurs ont plus tard honorS la France, de
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LES ASILES JOHN BOST 31
Pressense y avait connu John Bost et visite
le beau coteau de Laforce. Aussi, quand il
fut appele par son ancien condisciple a faire
partie de son conseil, promit-il son concours
a Toeuvre nouvelle au double titre de radmi-
ration et de Tamitie.
Toujours attentif dans nos deliberations, il
y apportait a la fois cet esprit de fermete qui
le guidait en toute chose et cette tendance a
la conciliation qui facilitaitPentente avec lui, —
pourvu que les principes fussent sauvegardes.
S'il affectionnait les Asiles de Laforce, il ne
menageait pas son enthousiasme pour John
Bost. II me semble le voir encore, presque a
la place ou je parle et l'entendre exalter la
conception de Poeuvre en raison surtout des
resultats obtenus. « Les hommes vraiment
utiles, ceux dont le souvenir est durable,
^'ecriait-il, dans un elan de veritable eloquen-
ce, sont ceux qui font oeuvre de fondateurs.
Saint Vincent de Paul a cr£e Toeuvre de
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32 LES ASILES JOHN BOST
l'Enfance abandonnee; Bost a elev£ les Asiles
de Laforce: il est le Saint Vincent de Paul du
protestantisme ! »
L'an dernier, notre eminent collegue vint
encore prendre part a nos travaux et a notre
fete. Mais, vaincu par la souffrance et condam-
n£ au silence par la volonte de Dieu, il ne put
se faire entendre en public. II ne lui restait
qu'un filet de voix et sa conversation toujours
pleine d'interet nous prouva bientot qu'il avait
conserve toute son intelligence et toute la
noblesse de ses sentiments. II est mort soumis
k Dieu et sa fin a £te edifiante comme sa vie
avait £te exemplaire.
Ne perdons jamais de vue de pareils sou-
venirs et sachons, chers amis, dans la mesure
de nos forces, nous penetrer de plus en plus
de Tesprit chetien qui a soutenu les Saint
Vincent de Paul, les Bost et les de PressensS !
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RAPPORT
SUR LES
AS1LES JOHN BOST
Laforoe le 11 Juin 1891
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RAPPORT
SUB LES
ASILES JOHN BOST
A LAFORCE
Du i er mai 1890 au 30 avril 1891
Chers Bienfaiteurs,
« Que j'aimerais voir les Asiles! » C'est un
d6sir souvent exprime et, a notre gr£, trop
rarement realist. Avant de les avoir vus, on
s'attend a des spectacles parfois etranges et
emouvants; on est, en les traversant, sanscesse
sur le qui vive et voici, rien de tout cela, mais.
mieux que tout cela.
i
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•~1
36 LES ASILES JOHN BOST
« Luther (i) racbnte qu'un pieux 6veque,
curieux comme je le suis, avait souvent
demand e a Dieu, avec ferveur, de lui reveler
ce qua Je3U3-Christ avait fait dans sa jeunesse.
II vit en songe un charpentier occupe des
travaux de sa profession et, pres de lui, un
jeune gar<jon qui ramassait les copeaux de
bois tombjs par terre. Puis, survint une jeune
femme en robe verte qui les appela tous deux
leurdisant de venir diner. L'£veque, pendant
ce temps, se tenait derriere la porte et les
observait. Et Tenfant se mit a dire : c Que fait
cet homme qui est la ? Est-ce qu'il ne viendra
pas manger avec nous ? » Le bon 6veque fut
si epouvante qu'il cogna la tete contre le
chevet de son lit, ce qui le reveilla. * La
divinite de Jesus-Christ reside en effet autre
part que dans son existence exterieure dont
la condition n'appelait ni le regard ni
(\ Anecdote tiree <1ph « Etudes et meditation- btbliques ±ar Bnu*>
OroLet » a ~*usa,me, chez (J. Bridel et Cie. gditeure.
_^_ . Digitized by VjOOQ IC
LES ASILES JOHN BOST 37
Fattention.
11 en est de meme dans nos Asiles ; ne vous
-attendez pas en les visitant, a rien d'extraor-
■dinaire ; tout y est simple et naturel comme
il convient du reste h tout ce qui est vrai en
soi. La vie collective y conserve, dans une
assez large mesure, le cachet de la vie de
famille ou les jours succident aux jours sans
grandes secousses ni changements tres mar-
ques. Les memes devoirs, la meme tache se
representent quotidiennement avec la meme
monotonie du tic-tac d'une horloge bien
regime. La beaute de Toeuvre vous ne la
trouverez done pas dans les batiments, dans
la tenue parfaite du menage, dans la propret£
•des dortoirs, enfin dans Tactivite domestique
•si complexe qu'elle soit. Certes, tout cela a
son prix et nous en connaissons et apprecions
la valeur ou le m6rite, mais ce qui emeut, ce
•qui attire e'est que, dans ces diverses maisons,
tant de miseres sont abrit^es. Notre grande
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38 LES ASILES JOHN BOST
famille,en effet, porte sur soilesceau delasouf-
france sous des formes diverses qui serenouvel*
lent sans cesse sans s'dpuiser jamais. Ici on
souffretoujours, sans intermittence, sans treve
ni repos, la nuit comme le jour. C'est le corps
qui peine, c'est Tame aussi qui est atteinte :
souffrances physiques, souffrances morales,
tout s'accumule et quand on le sait, comment
n'etre pasremue jusqu'au plus profond de son
€tre ? comment ne pas sympathiser ? Et que
serait ici la sympathie si elle n'etait pas enve-
lopp6e d'amour et de charite ? Voil^i pourquoi
nos assemblies annuelles, uniformes en appa-
rence, ne le sont pas en r6alite. L'amour vrai
en face de ce qu'il aime bat toujours son plein,
et nos coeurs, a nous des Asiles, sentent en
des journ£es semblables a celle-ci, combien
est precieuse la communion des Saints. Vous
nous aimez en pourvoyant, sans vous lasser,
a tous nos besoins ; nous aussi nous vous
aimons en acceptant tout de votre part, sans
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LES ASILES JOHN BOST 39
enetre humiliSs et avec une joyeuse reconnais-
sance, car vous etes pour nous, Bienfaiteurs,
comme les envoy£s consolateurs de notre
Pere a tous qui est dans les cieux.
Presentation
Un ami m'a demande d'indiquer dans le
present rapport le nom des directeurs parti-
culiers de chacun de nos Asiles,avec leurs£tats
de service.
J'ob£is avec empressement. Si, dans cette
presentation, ma plume prend le mors aux
dents ou fait quelques hearts, je donne licence
aux interesses de ne pas m'ecouter.
Meiie Elise Bourgougnon est entr6e a la
Famille comme institutrice le 23 juillet 1849.
Elle a remplac6 M elle Peloux comme directrice
le 20 novembre 1873.
Elle a done 42 ann£es de service actif. Elle
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40 LES ASILES JOHN BOST
pourrait done, comme on dit en style adminis-
tratis faire valoir ses droits a la retraite. Je ne
dis pas que quelquefois, elle n'en ait pas eu.
la pensee, mais elle en est revenue. J'ai le
regret de le dire, mais la verite m'y oblige*
elle est inretraitable .
Madame Sicard est venue a Laforce le
28 mars 1857. Elle a vu naitre, grandir et
se developper son asile au-dela de son attente^
Elle est attachee a son vieux Bethesda. II a
beau etre incommode, branlant sur ses pieds
moisis ; e'est Ih qu'elle a debute ; e'est la ou
sont tous ses souvenirs, reliques d'un passe
bien cher. La reconstruction du nouveau
Bethesda la trouble quelque peu ou plutot
l'attriste. Cela est naturel. On s'attache aux
endroits ou Ton a vecu, aim6, souffert. Ce lul
sera une epreuve de quitter sa vieille maisoix
ou elle retrouve partout la trace de John Bost
qui Tavait discernee et appel£e au poste
qu'elle occupe et occupera longtemps encore >
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LES ASILES JOHN BOST 4 1
si le Seigneur le veut. Puis elle s'accoutumera
peu a peu au nouveau local puisqu'eKe y aura
ses quatre-vingt-quinze enfants.
M. et M me Etienne Imbert se sont mari£s
avec Siloe avant de s'epouser. lis y ont rem-
place comme directeurs M. et M me Castel
{ leurs parents ) le 26 aout 1867.
Leur tache y est rude. lis ont parfois des
-velleites de divorce, avec l'asile bien entendu,
•car Page arrive et surtout la fatigue. Leur
conscience delicate s'agite et ils se demandent
s'ils peuvent et doivent conserver leur charge.
En me faisant part de leurs scrupules ils me
chagrinent ; s'ils insistent, je fais le sourd et,
ne pouvant plus nous entendre, le statu quo
se maintient. C'est tout ce que je desire. Ici
un mot d'encouragement et d'amiti£ a
M. Pierre Bosc, notre instituteur, le bras
droit de M. et de M m3 Et. Imbert.
M lle Jeanne Lap eyre est venue de Prigonrieux
& Laforce il y a 32 ans, le 7 novembre 1859,
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42 LES ASILES JOHN BOST
pour se remettre des suites (Tune fievre typho-
"ide. Apres avoir recouvre la sante, elle s'est
consacree aux malades d'abord a Bethesda-
Quand, ensuite, Eben-Hezer fut fonde, John
Bost usa de son autoritS pour avoir raison de
rhumilite de M elle Jeanne et il l^tablit direc-
trice de cet asile consacre aux jeunes filles et
aux femmes epileptiques. Elle est Tame de
cette maison et, au sens le plus exact de ce
mot, la mere de ses pensionnaires.
M. et M m3 Monthus auront 24 ann£es de
service le 16 decembre prochain. lis donnent
leurs soins a Bethel et a la Compassion avec
un zele intelligent, malgre les entraves-
repetees de la maladie.
M elle Thecla Laroche dirige aussi la Miseri-
corde depuis sa fondation. Cet asile, don de
la liberalite de deux soeurs, a ete inaugure en
1878, M elle Laroche y etait d^s le i er novem-
bre 1877. Sa tache, a elle aussi, est singulie-
rement complexe, mais on pourrait en douter
yGqsgJe
LES AS1LES JOHN BCST
en visitant cet asile ou tout semble marcher
comme sur des roulettes.
Madame Dabrin dirige la Retraite depuis le
5 Janvier 1882 et M elle Pechin le Repos depuis
le 8 Janvier 1889. Ces deux asites ont besoin
comme directrices, de personnes ayant beau-
coup de tact, de patience, de calme et aussi de
bonne humeur et d'entrain. Dieu nous a benis
en nous donnant ces deux amies. Ici, je tourne
court, non que je sois a bout ; mais parce que
si la verite consiste a toujours dire ce que Ton
pense, elle n'oblige pas a dire tout ce que
Ton pense. En resume, nous avons encore le
privilege d 'avoir comme directeurs et direc-
trices ( la Retraite et le Repos exceptes ) tous
ceux que John Bost avait choisis et formes k
son ecole. Je ne veux pas omettre, dans cette
presentation rapide, nos institutrices, nos
maitresses de couture, nos infirmiers et nos
infirmieres, tous nos aides enfin qui sont, a
des titres divers nos collaborateurs. Si je ne
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44 LES ASILES JOHN BOST
transcris pas ici leurs noms, si meme je n'ei*
detache pas en relief quelques-uns qui trem-
blent au bout de ma plume, c'est que j'espere
que ces noms sont d£ja inscrits ailleurs, plus-
haut sur le livre de vie. En definitive, c'est
cela seul qui importe.
Conversion & Droite
Apres Tetat-major et le corps des officiers,.
le gros de la troupe, Faisons demi-tour et
arretons-nous aupres de nos pensionnaires.
Le pensionnaire se divise en plusieurs.
categories.
II y a le pensionnaire buisson d'epines. It
a ete la croix de tous ceux qui se sont occupes-
de lui. Place dans divers etablissements, il n'a
pu y rester. Place chez de braves gens, il s'y
est rendu impossible. Tout-a-coup les Asiles
de Laforce montent a Fhorizon de la pensee
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LES ASILES JOHN BCST 45
des bienfaiteurs aux abois. Voila la solution
trouvee ! Les demarches sont faites, Tadmis-
sion est prononcee non parfois sans de
grandes hesitations inconnues a ceux qui se
hatent de nous envoy er leur ours. Mais Lafor-
ce est sur la terre et non pas au ciel. II ne
suffit pas d'y venir pour y subir, ccmme par un
coup de magie, une metamorphose radicale.
Le changement de residence ct de milieu ne
change pas le coeur. Nous voici dene en
presence de ce pauvre etre instable, sans
pouvoir satisfaire a ses exigences ; en butte a
ses mechancetes soit parlees, soit ecrites ;
inquiets des germes de desordre et d'insubor-
dination qu'il seme tout autour de lui.
II faut le renvoyer, dites-vous. Sans doute,
mais nous ne nous resolvons a cette mesure
qu'ala derniere extremite, quand nous avons
epuise sans succes tous les moyens en notre
pouvoir pour lui faire comprendre quel est
son interet, a lui bien entendu. II est intraita-
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46 LES ASILES JOHN BOST
ble et les pauvres bienfaiteurs attristes, avec
nous et comme nous, se rdsignent a le repren-
dre. Que deviendra-t-il ? Ou ira-t-il ? Quelque-
fois dans un asile d'alien^s. Ce que j'ecris
n'est pas de la fantaisie, mais de l'histoire.
II y a le pensionnaire grincheux. II en veut
a tout le monde sauf a lui-meme. Seul il est
aimable, mais cest une appreciation tout-a-fait
personnelle a laquelle il tient d'autant plus
qu'elle n'eveille aucun echo. II se croit victime,
toujours, en tout et partout, meme quand on
le comble d'egards et de prevenances. Le type
de ce genre nous a ete enleve cette annee.
C'etait une personne agee, admise a la Retraite
en 1884. Solitaire, sans famille, dans le plus
complet denuement, elle souffrait, elle vegetait
dans une grande ville. Des qu'elle nous arriva
elle fut sur le meme pied que ses compagnes,
mais elle n'a jamais voulu le croire ni le recon-
naitre. Je me souviens qu'un jour ou je me
trouvais a la Retraite, au milieu de nos cheres
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LES ASILES JOHM BOST 47
Retrait6es, elle se leva tout-a-coup et m'apos-
trophant: Monsieur ! que je suis malheureuse I
p6cair6 ! que je suis malheureuse ! On ne me
fait pas mon droit dans cette maison ; je ne
puis ici ob£ir aux dernieres volontes de mon
pere ! — Et pourquoi ? lui dis-je. — Oui,
Monsieur, quand mon pere fut a son dernier,
il me dit : Mon enfant ! ecoute : Chaque fois
que tu auras mang£ trois bouchees, bois un
bon coup de vin. Eh bien ! ici on ne me le
permet pas ! Que je suis malheureuse ! Helas
pauvre femme ! elle avait une infirmite morale
dont nous n'avons pu la guerir. Quand au
refectoire, elle 6tait servie et regardait son
verre et son assiette tout se rapetissait, tout
devenait microscopique, des qu'elle regardait
les portions de ses voisines, tout grandissait
et devenait enorme. Ce defaut a fait son
malheur, et le notre aussi, jusqu'a la fin.
Mieux vaut regarder a ce qu'on a pour rendre
graces, que songer a ce dont on est ouse croit
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48 LES ASILES JOHN BDST
priv£ pour toujours g6mir et rficriminer.
L'exemple a suivre ici est celui des premiers
Chretiens dont le livre des Actes des Apotres
nous dit : « lis rompaient le pain dans les
maisons et prenaient leur nourriture avec joie
et simplicity de coeur, louant Dieu et trouvant
gia :e aupres de tout le peuple.*
Passons sans nous attarder davantage a la
categorie des bons pensionnaires,bons au sens
relatif, bien entendu. II y a des hauts et des
bas, mais vaille que vaille, nous avons avec
eux des rapports faciles. II y a enfin les excel-
lents. Ne citons personne car ceux que je
nommerais seraient sans doute tres Stonnes,
et il leur suffirait de se prendre au serieux
comme tres-bons pour cesser par cela meme
de Tetre ou pour perdre le charme
attache a la pratique du bien fait simplement
et sans autre souci que celui de plaire a Dieu.
Songer a Dieu, c'est de suite avoir conscience
de sa petitesse et se rappeler le mot de Jesus :
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LES ASILES JOHN BOST 49
« II n'y a qu'un seul bon. »
Les pensionnaires qui rendent' douce notre
t&che sont diss£min£s un peu partout, dans
tous les Asiles. On les rencontre parmi les
bien portants et surtout parmi les malades ou
les infirmes. II y en a de jeunes et d'ag^s. II
fait bon s'arreter aupres d'eux ; c'est un delas-
sement pour le coeur ; leur patience est une
predication et leur exemple contrebalance
souvent de nefastes influences.
Nous avons eu plus de decis cette annee
que dans le precedent exercice : 24 au lieu de
14. Parmi nos disparus je ne puis nrempecher
de donner une pens£e a Dormoy mort a 49 ans
et qui a vecu 32 ans a Tasile de Siloe. Comple-
tement infirme, paralyse du tronc aux pieds, il
se faisait placer des qu'on l'avait habille, sur
sa petite voiture. II savait attirer et retenir
pres de soi les petits, les intelligents plus ou
moins infirmes, les idiots et les simples d'esprit.
II avait un grand ascendant sur eux tous parce
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50 LES ASILES JOHN BOSt
qu'il les aimait. N'£tait-ce pas touchant de le
voir toujours entoure par eux comme un roi
de sa cour ? II avait sans cesse quelque histoire
& leur raconter ; il les entrainait a la promena-
de, il les dirigeait tantot ici, tantot 1&, les
ramassant autour de lui, au bord de la route*
comme une poule sa couv£e, d6s qu'une
voiture apparaissait a rhorizon. Jamais il n'est
arrive d'accident. Sa figure respirait la joie.
Je Tai visite bien malade. Jamais de plainte.
Que demandait-il? «Ah! monsieur, sijepouvais
quitter mon lit et me retrouver sur ma petite
voiture !.... C'est tout mon bonheur ! » II fut
exauce dans cette circonstance. Uu ami visi-
tant Silo6 lui demanda : Combien y a-t-il de
temps que vous etes ici ? Plus de trente ans,
r£pondit-il doucement, avec un bon sourire,
mais en meme temps ses yeux se mouillaient
de larmes. Oui, il a souffert beaucoup, physi-
quement et moralement. Dou6 d'une vive
intelligence, son pauvre corps infirme Pa
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LES ASILES JOHN BOST 5 I
rendu toujours dependant. Que n'aurait-il pas
fait s'il eut eu la sante ? Mais en se croyant
inutile, il a fait du bien a d'autres, et en parti-
culier a ces petits qu'aime Jesus. II paraissait
a vues humaines, devoir vivre encore plusieurs
annees, mais Dieu Ta rappele subitement, au
milieu de ses compagnons, dans le refectoire,
a la fin du repas qu'il avait encore pris de bon %
appetit. C'etait un enfant de Dieu. Que Dieu
donne a tous nos pensionnaires une telle piete,
une semblable douceur, alors tous les types,
dont je n'ai esquisse que deux ou trois, seront
ramenes a un seul : ce dernier qui est^ le
premier.
Reconstruction de Bethesda
L'an dernier, a pareille epoque, nous vous
disions que le nouveau Bethesda etait entiere-
ment reconstruit sur le papier. Aujourd'hui
il s'eleve en pierres de taille et en moellons
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52 LES ASILES JOHN BOST
sur le terrain. Le gros oeuvredelamatjonnerier
est,quasi-acheve ; la charpente est posee sur
Taile de Pouest ; k la fin de decembre, Dieu
voulant, tout sera fini. Toutefois ce ne sera
guere que dans un an, probablement a la pro-
chaine fete des Asile, que nous inaugurerons
cette maison, elevee dans les conditions le$
meilleures au point de vue de la solidita. Rien
d'architectural, ni d'artistiqus dans cette
batisse, mais M. Henriquet, notre architecte,.
a pris toutes les mesures pour respecter les-
lois de Thygiine. Le cube d'air sera suffisant
dans les ateliers, dans les dortoirs, dans les.
infirmeries. De larges et hautes fenetres se
faisant face du Nord au Midi, et de FEst a
TOuest, laisseront circuler libremen; partout,
Fair, la lumiere et le soleil. Au dehors de
vastes cours denudees mais qui s'egaieront
avec le temps grace a des plantations d'arbres.
En avaht de TAsile, le vaste et magnifique
panorama de la riante vallee de la Dordogne-
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LES ASILES JOHN BOST 53
Voila le nouveau Bethesda!
Les devis, vous le savez, s'elevent &
200,000 frs. A ce jour nous avons re^u environ
130,000 frs. Je suis heureux et fier de dire que
ce sont nos Eglises de France qui ont donne
lapresque totalite de cette somme.
Nos Deuils
Longue cette annee est la liste des amis que
Dieu nous a repris. Le President du Conseil
des Asiles, M. L. Domenget a tenu a rendre
un hommage special a la memoire de ses deux
collegues, MM. Augustin Bost de Geneve et
Edmond de Pressense de Paris. Nous nous-
sommes tous associes a ce qu'il a si excellem-
ment dit. Nous envoyons encore aux families-
si eprouvees Texpression de notre bien vive
sympathie ; car leur deuil est notre deuil a.
nous aussi. Nos coeurs debordent en songeant
aces deux amis dont Tun, frere aine de John.
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54 LES ASILES JOHN BOST
Bost etait, pour le fondateur de nos Asiles, un
conseiller pr£cieux et un aide aux heures
difficiles. Augustin Bost aimait a venir a La-
force et nous aimions a Py voir. II etait
indulgent et bon d'une bonte souvent assai-
sonnee d'esprit et de malice.
Quant k M. de Pressens6, je le vois encore
dans ce temple ou, Tan dernier, deja malade,
il etait venu prendre sa place au milieu de
nous. II nousasouvent rechauffes etreconfortes.
Nous lui gardons un souvenir imperissable
pour avoir su trouver le temps, au milieu de
ses occupations multiples et ecrasantes, de
venir nous visiter a Laforce, et a Paris, pour
nous avoir donne son concours et sa parole
eloquente pour ranimer ou exciter Tinteret
en faveur des Asiles, dans nos conferences,
soit a TOratoire, soit a la Chapelle de la rue
Madame. Qui reprendra la place de ces deux
serviteurs de Dieu, infatigables et fideles
jusqu'a leur dernier soupir ? L'Eglise et nos
jkr-i
LES ASILES JOHN BOST 5Jy
Asiles ont ete d£cimes ; les forts en Israel
sont tombes ; mais nous nous en remettons*
avec une foi plus robuste a PEternel « le R6-
parateur des breches.»
Mentionnons encore parmi nos pertes MM.
Jules Boissier et Alphonse Favre de Geneve^.
Miss S. Rawlings soeur de notre genereux ami
M. Edouard Rawlings qui presidait, Tan der-
nier notre fete ;
M me Molyneux Williams de Tunbridge-
Wells qui avait deux jours a sa charge ;
M. Bevan de Londres qui, a Cannes, nous-
donnait regulierement une somme ronde de
2500 francs.
M. Courrent de Toulouse ;
M ms Andre Caldesaigues de Millau ;
M me Veuve Constant Peugeot d'Audincourt;
M . & M me Jauge dont la fille, Madame
Bouffe, a remplacee sa mere comme presidents
de notre societe Adolphe de Castres ;
Mme V e Emile Koechlin d'Herimoncourt ;
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56 LES ASILES JOHN BOST
M me Strohl de Bale ;
M me V e Luc V&ne de Montcuquet ;
M. Arthur Mallet de Paris, dont la famille
continue ses traditions de charity ;
M. le D r Antoine Clament qui, depuis la
fondation des Asiles, en 1848, jusqu'en 1883,
donna ses soins medicaux aux malades, avec
un zele et un desinteressement remarquables ;
Enfin, M. le D r Gustave Monod de Paris
qui venait regulierement, depuis quelques
annees, passer Pet6 a Meynard dans la maison
de M. & de M m3 John Bost ou leur fils Henry
conserve les habitudes familiales de Phospita-
lite. Ce vieillard de 86 ans, qui n'a pas connu
la vieillesse, etait d'un commerce facile et
aimable, toujours en train, cachant sous des
apparences parfois bourrues les sentiments
exquis de son coeur. N'est-ce pas M. le Pasteur
Th. Monod qui nous Pa montre, au temps de
sa plus grande pratique medicale si etendue,
emportant avec lui, dans sa voiture, un sac
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LES ASILES JOHN BOST 57
renfermant une brosse et une Bible. : la purete
du vetement, du dehors ; celle de Tame, du
dedans. II eut de grands succes comme chirur-
gien continues par son fils le Docteur Charles.
Monod. Mais sa clientele opulente, lisons-nous.
dans la « Semains Religieuse, » de Geneve,
ne Tempecha jamais de repondre, avec autant
d'empressement qua de desinteressement, a
Tappel des pauvres et des petits. Les families-
pastorales en particulier, le trouvaient toujour^
pret, meme apres qu'il eut pris sa retraite, a
leur apporter les secours de sa science et de
son art, et, quand venait l'heure du reglement
des comptes, il se bornait d'habitude a dire a
leur chef, avec un sourire plein de bonhomie :
c Je suis le m£decin du corps, vous etes le
m£decin de Tame. Les loups ne se mangent
pas entre eux.» Quels adieux simples etemou-
vants il nous fit au commencement d'octobre v
quand il quitta Laforce pour retourner a Paris.
Nous comprenions, lui surtout, cet excellent
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58 LES ASILES JOHN BOST
:ami, que l'heure du rappel etait proche.
•Quelques jours plus tard en effet, le Seigneur
vint le chercher. Je n'ai rien dit de sa charite
pour ne pas offenser sa memoire. Nul plus
-que lui n'a pris k la lettre ce precepte de Jesus:
« Quand tu fais Taumone que ta main gauche
ne sache pas ce que fait ta main droite, afin
<jue ton aumone soit secrete. »
RAPPORT MEDICAL
Ann6cs 1890-1891
L'etat sanitaire a ete en general assez satis-
iaisant dans la plupart de nos Asiles pendant
Tannee qui vient de s'ecouler.
Dans mon dernier rapport je signalais les
Tares cas d'influenza qui s'etaient produits
<lans les Asiles et leur benignity, alors que
tout le monde, dans le pays, dans la popula-
tion qui entoure les Asiles, dans le personnel
y Google
LES ASILES JOHN BOST 59
m§me, avait pay6 son tribut k la maladie.
Cette ann£e-ci j'ai la meme remarque k faire
au sujet de la rougeole.
Cette affection qui n'est g£n£ralement pas
bien grave, mais qui entraine souvent apr&s
elle des complications sSrieuses, a s6vi vers la
fin de Phiver et pendant tout le printemps
dans le pays. II n'ejt guere d'enfants qui ne
l'aient pas eue et beaucoup de grandes person-
nes, surtout dans les agglomerations conside-
rables d'individus, comme les casernes et les
lycees, en ont £te frappSes.
Au moment ou Pepid£mie s£vissait en plein
a Laforce ou aux environs, nous n'avons pas eu
un seul cas de rougeole dans les Asiles. Lors-
qu'il ne s'est plus produit que quelques cas
isolSs autour de nous, une seule pensionnaire
de la Misericorde, un enfant de Bethel et deux
de Silo6 ont 6t£ frappSs. Ces deux derniers
entrent en ce moment meme en convalescence.
Chez nos quatre malades la rougeole a 6t6
Digitized by LjOOQ iC
<>0 LES ASILES JOHN BCST
Ires forte, mais a tres heureusement £volue
sans presenter de complications. Nous avons
pratique l'isolement absolu de nos maladeset
n*avons pas eu d'autres cas.
. Au milieu de Thiver exceptionnellement
froid que nous avons subi, nous avons re?u
xine pauvre petite idiote du Midi. Chez cette
-enfant de I4ans la circulation sefait tres mal
-du cote des extremites ; aussi s'est-il produit
pendant le voyage un phenomene des plus
graves : Pextremite des pieds de cette enfant,
les orteils, se sont geles : elle les a presque
tous perdus ; la cicatrisation a ete tres longue
mais elle s'est heureusement terminee; Tenfant
ne peut pas encore marcher, mais fespere
<ju'elle pourra le faire d'une fa9on assez
^satisfaisante.
Malgre la rigueur tres grande de Thiver,
malgre le froid et la neige auxquels nous ne
sommes pas habitues, k Laforce, nous n'avons
pas eu a constater un grand nombre de mala-
y Google
LES ASILES JOHN BOST 6 1
-dies aiglies ; a peine s'il y a eu dans les divers
Asiles quelques rhumes et quelques maux de
gorge. C'est plutot au printemps, au mois
-d'avril, que nous avons eu a Silo6 6 cas de
Broncho-Pneumonie chez d'anciens pension-
naires ayant plus ou moins touss£ pendant
l'hiver, mais affaiblis par Page ou par leurs
infirmites ; ces Pneumonies se sont produites
toutes en meme temps ( notre infirmerie de
Siloe qui est presque toujours vide etait
completement encombree ) ; elles ont toutes
pris des le debut un caractere infectieux et se
-sont tres rapidement terminees toutes par la
mort. Aussi Siloe qui n'avait pas eu de deces
Tann^e derniere en aeu 8 cette annee-ci dont
■cinq en six jours ! Le decouragement commen-
^ait a s'emparer de nos chers directeurs de
Siloe, lorsque la maladie a cesse.
Le nombre des deces a ete cette ann6e-ci
•dans les Asiles de 24 ; c'est 10 de plus que
J'annee derniere.
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62 LES ASILES JOHN BOST
9 pensionnaires d6c6des avaient depassd
1'age de 70 ans.
Le Repos a perdu 3 pensionnaires,
La Retraite 3,
Bethesda 1,
Eben-Hezer 2,
La Misericorde 1,
Siloe 8,
La Compassion 6.
Nous n'avons pas eu de deces k la Famille
ni k BSthel.
Parmi les pensionnaires de Silo6 qui
nous ont quittSs je signalerai un pauvre
petit enfant de 3 ans Ij2 abandonn6 a Paris
par sa mere et qui, malingre et ch£tif, ne
paraissait avoir qu'une douzaine de mois ; il
ne manifestait avoir aucune intelligence, ne
s'int£ressait pasle moins du monde aux choses
ext£rieures qui l'entouraient ; ses yeux
erraient continuellement dans le vague ; ses
faibles jambes ne pouvaient pas le porter ; il
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LES ASILES JOHN BOST 63
ne supportait que tres difficilement une nour-
riture spSciale. Admis, par grande exception,
k SiloS, nous avons du le confier a une femme
du voisinage: il n'a vecu que trois mois.
Je signalerai aussi le depart du bon, de
Fexcellent Dormoy, le second pensionnaire
de Silo6, entrS le 24 juillet 1858, a Page de
14 ans, qui est mort subitement, enmangeant,
apres avoir fait dans TAsile un sejour de
32 ans.
A Silo6 est mort encore un pauvre gar§on
bien connu des visiteurs des Asiles. Sa tete et
sa face, applaties fortement d'avant en arriere,
6taient d'une longueur demesuree ; tous les
doigts de ses mains et de ses pieds 6taient
soud^s ensemble ; ses mains en particulier
formaient deux massues legerement pointues
k leur extr6mit6 libre ; malgre cela il avait
appris a lire, 6crivait assez bien et se livrait a
une foule de jeux et de petites occupations
dont on Taurait cru tout d'abord absolument
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64 LES ASILES JOHN BOST
incapable.
Aux visiteurs des Asiles qui n'ont point
craint d'entrer dans les prSaux de la Compas-
sion je signalerai la mort, je veux dire la
delivrance, de deux pauvres enfants idiots,,
completement paralyses de tous les membres,.
incapables de faire seuls le moindre mouve-
ment et que Ton voyait toujours Pun dans soa
lit de souffrances, Pautre sur sa petite voiture.
Quoique age de 14 ans Tun d'eux, le premier,
en paraissait avoir a peine six ou septjil
avait pass6 cinq longues ann6es a la Compas-
sion, completement abandonn£ par sa mere !
La phtisie pulmonaire a emportS 3 de nps
pensionnaires de la Compassion ; Tapoplexie
cerebrale 4 de nos vieillards ; les autres deces
ont ete causes par Taifaiblissement progressif,
soit chez de jeunes enfants, soit chez des pen*
sionnaires deja tres avanc£s en age.
A cote des d£c£s de nos pensionnaires je si-
gnalerai celuid'un de nos employes, surveillant
y Google
LES ASILES JOHN BOST 65
a Patelier de poches de Siloe, emport£, lui
aussi en trois jours par une Pneumonic perni-
cieuse en meme temps que les autre.* malades,
moins d'un an apres sa femme, employee elle
aussi a Siloe, k la lingerie, enlevee en qucl-
ques heurespar une attaque d'apoplexie.
Nou3 avons dil faire admettre dans divers
Asiles d'ali£n£s 3 pensionnaires que nous ne
pouvions absolument plus garder.
En terminant je dirai quelques mots de nos
ateliers de Siloe et de Bethel pour la fabrica-
tion de sacs en papier. Ces ateliers fonction-
nent toujours tres r£gulierement et occupent
un certain nombre de pensionnaires qui
resteraient sans eux dans l'inaction la plus
absolue. Le travail ne manque pas et e'est a
grand peine que nous pouvons suffire aux
demandes de nos clients.
Tou3 les jours nous constatons les heureux
resultats produits par la creation de ces deux
ateliers et nous regrettons de ne pouvoir en
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66
LES ASILES JOHN BOST
cr£er d'autres encore plus 616mentaires poiir
nos idiots qui ne peuvent s'oCcuper au manie-
ment du papier.
D r E. ROLLAND.
„Cc
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TABLEi
SURVENUS DANS LES ASILES
Decks : 24. Lc Tableau suivant renferme
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2
3
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14
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licur Felix .
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Dor . . . ,
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Dcj. .... David . . .
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licit
AGES
ASILES
3 1/2
Si'ce
83
LC R.-UOS
75
id.
80
La Misericordc
34
Silce
80
Ebon-Hezer
80
La Rclraile
48
Si:oc
14
La Compassion
20
id.
12
id.
70
Lc Repos
20
La Ccmrassicn
30
Siloo
75
la Rclraile
27
Eben-Hc/.cr
78
La Rclraile
27
La Compassion
00
Belli tv da
SI
Siloe
-4')
id-
33
id.
23 .
id.
21
La Ccmpassicn
DATE
DK i/ EXT REE
21 mars 1890
1 mai 1880
19novem. 1890 j
25 Jtiillel 1889
25 rnai 1886
3 mai 1888
2* mai 187.) J
24 juillel 1858
9 no\om. 1885
5 Hocvmh. 1889 ?
8 aoi'it 1887
4 juilict 18.x;
15 juin 18K;
| 9 jui.let ISKj
I 10 0( lobre 1881 \
I 10 sop lc nib 1879 !
20 jum 1888
2 juin I8(>']
14 juin I88fl
juin 1803
2deecmbro 1ST!
17 ami I ls7s
27 aout 1876
31 mars 1880
Digitized by CjOOQ IC
J
MAI 1890 AU 30 AVRIL 1891.
rid pales indications relatives aux deeds.
UATK
DU DECKS
8 jui
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4r juili^t
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de
iV|otir
MALADIES
3 mois
1) aus
7 mois
1 an
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2 ans
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32 ans
5 ans
1 an
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(la i\'2
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11 atj2
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Ha 1|2
12 a 1[2,
lia1|2i
11 ans
Idiotic, Faibles- genera lc
Fa'blosse genera'e
Myeiite chroiiiquc
Epilepsie
Paralysic avec contract.
de tons les membrcs
Epilepsie, Idiotie
Paralaweont-dtlmcmb.
Idiotie
Inibeeiliile
En lepsie, Idiotic
Seniiite
Idiotic Epileptique
Fa ib' esse generate
Imoecdlile
id.
Chore?
Din'orm.d-mainso.d.pieds
Epilepsie, Uiotie
CAUSES DU DECfcS
Allaibles* progressif.
Broncho-Pneumonic
Apoplexie celebrate
AITaibliss* prcgrcssif.
id
AfTaibliss* progressif
Apop!exk> fowl ro van'*
A(raib.iss k progre'ssd".
id
id
Apoplexie eelebrale
Phtisie pulmonale
AlTaib!i>s t p regress if.
Rronrho-Pneumonic
Flat de Wat
Allaibiiss 1 progressif.
Phtisie piilmouairft
Apoplexie eerehralo
B rone. -Pneum. infect.
id
id
id
Phtisie pulmonairc
Digitized by LjOOQ iC
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Dons tout-a-fait anonymes
dont nous ignorons la provenance
»&*
Anonyme du Poitou 20 frs>
La Mastre : Une amie des asiles John
Bost pour Bethesda 3
Lyon : La pite de la veuve 5
, id : Aux plus malheureux .... 5
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RELEVfi DES RECETTES
du l er Mai 1890
HKCKTTtiS
AHIf an 3Javril 18C0
I Vnsions
Don-*
.lours paves p ir nos bienf.uteurs
C'ollecles el \ enlcs
Societe du Sou lYolestant
Rentes el Hevcnus clivers
Total des Roceltcs.
5,6(58
7i
09,314
55
86,000
£0
41, liS
80
48,317
90
357
v>
28,472
77
232,303
00
Le TrJsorL'r Comphble,
A. Lafarelle
Comply Sp33iil di muzevi B5ih)sli
38,515 75
62,-2 48 40
100,704 15
Sol :e en ealsse an 3 J avril 1890
SoiiscDj) i >i:s onr»nissoes du l cr mai 1890
au 3<J avril ld'Jl
Total
A pros verification, nous avons irouve la situalion
COaiurmo mix livros.
Lcs membres du Consiil (T Administration,
II. CoUVE.
G. Uoy.
J. (xUUX.
Digitized by LjOOQ iC
ET DES DfiPENSES
au 30 Avril 1891
DEPENSES
Nourriture
Vetcments
Lingerie et Mercerie
Blanchissage
Eclairage et combustible
Meubles et uslcnsilcs
Service de sanle et tra tement du Docteur.
Bureau et correspondance
Rapports et Imprimes
Hibliotluque, abonn. classes
Voyages
Chevaux et voitures
Impols et assurances
Reparations immeubles
Remundration du personnel
Frais de reception
Ateliers.
Depensos diversos
Total des depenses
Exccdcnt au 30 avril 1891
112,213
17,683
4,022
5,502
8,521
4,131
6,118
1,071
1,813
818
3,230
2,671
3,<}72
12,932
35.413
2,000
1,0-0
3,487
50
55
05
45
80
95
15
45
45
60
20
50
60
05
25
»
76
64
226,690 95
5,611 71
Somme egale aux Reeetles ' 232,305 66
Compte Special du noumu Bithesda
Paye mix entrepreneurs et a Farchitecte
au 30 avril 1891 53,723 »
Reliquat disponible 47,04 1 15
Somme 6gale 103,761 15
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74 LE S ASILES JOHN BOST
SITUATION FINANCIERS
Nous avons termine l'exercice courant avec
une encaisse de 6.327 fr. 86. C'est beaucoupde
n'avoir pas de deficit, mais nos avarices sont
minimes par rapport a nos depenses journalie-
res.
L'an dernier un pensionnaire coutait d'entre-
tien par jour 1 fr. 19 Cette annee, il y a une
augmentation depres de 3 centimes. Elle porte
toute entiere sur le chapitre nourriture et elle
sejustifie parleprix eleveduble etdelaviande
qui, par adjudication, nous revient cette annee
& 0,16 c. de plus par kilogramme. II est vra
que, grace aTabattage sur pied dans ^abattoir
des Asiles que nous avons approprie&cet usa
ge, la viande est superieure comme quality.
Dans Pexamen de nos recettes, si no ren-
tes ont augments de 3.502 fr grace au legs
Digitized by LjOOQ iC
LES ASILES JOHN BOST 75
de notre bienfaitrice, Madame Heidsieck,
nous remarquons avec peine que les collec-
tes flechissent legerement et surtout que les
dons des jours diminuent. Nous avons, il
est vrai perdu quelques bienfaiteurs qui
avaient un ou meme deux jours a leur char-
ge ; mais il en est aussi qui ont cesse de
donner ou ont diminue cette contribution
si touchante. Nous signalons ce fait, sans
y appuyer, demandant seulement de tout
notre coeur au Seigneur, que de nouveaux
amis se presentent pour combler les vides
et faire remonter le niveau de cette source
de charite.
Nous avons a appeler Fattention des per-
sonnes qui nous envoient des pensionnaires
sur le paiement des pensions. Nous avons
actuellement 185 pensionnaires a titre en-
tierement gratuit et nous sommes quelque peu
inquiets au sujet de ces demandes de gratuite
quivont se multipliant de plus en plus. II est
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76 LES ASILES JOHN BOST
evident que ceux qui ont promis de ne rien
payer sont fideles a leur promesse Mais
combien d'autres qui apres avoir promis-
se fatiguent, demandent des diminutions
sur le peu qu'ils doivent payer. On en prend
a son aise, a cause de la situation financie-
re satisfaisante desAsiles. « Vous etes riches,
nous disait quelqu'un en souriant, aussi je
ne vous donne rien et conseille aux autres
de ne vous rien donner. » Ce qui etait dit
en badinant Stait malheureusement redit et
et repete avec serieux. Et le clich6 court;
une chiquenaude a suffi pour lui donner
Timpulsion et il fait maintenant son chemin.
Est-il vrai que nous soyons riches ? Est-ce
qu'on est riche quand, sur 510 pensionnai-
res, plus d'un tiers ne paient rien ; quand
la moyenne paie 138 frs par an alors que
la depense personnelle s'eleve k 440 francs?
Est-on riche avec des ressources qui ne d6-
passent gufere la moiti6 des dSpenses et
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LES ASILES JOHN BOST 77
qu'il faut courir par monts et par vaux
pendant des mois et des mois pour collec-
ter ce qui est nScessaire afin de ne pas
tomber dans le deficit?— Si nous sommes ri-
ches c'est de besoins, de mis£res et, au
dessus de tout, de foi, de la foi de John
Bost.
Quant k nos d£penses, nous sommes ja-
loux de les r£duire au strict necessaire et
la preuve en est dans la somme de I fr. 22
centimes par jour et par pensionnaire ou se
trouvent compris, en sus de la nourriture et
<ie Tentretien du pensionnaire, le salaire de
tout le personnel, le service medical, les
impots, la reparation des immeubles, en un
mot, toutes les d£penses ordinaires.
Quant k nos recettes nous vous Tavons dit,
-elles ne dSpassent les dSpenses que d'un
chiffre bien modeste Pour peu que les dons
s'arretent, ce sera le deficit.
Oh ! alors ! k ce moment Ik il y aura une
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78 LES ASILES JOHN BOST
recrudescence de charite. — Nous le pen-
sons. — Mais n'est-il pas plus naturel de
maintenir la situation actuelle que de la
compromettre par quelque motif que ce
soit? II importe done de ne pas laisser
tarir la source de nos revenus assures et
nous adressons un vif et pressant appel a
tous nos amis. Qu'ils ne se relachent pas
et perseverent dans Pexercice de la charite.
Les malades et les infirmes qu'on nous
envoie restent, en venant chez nous, mem-
bres de leur eglise et clients de leurs pro-
tecteurs. Les Eglises, les families, les pro-
tecteurs riches s'en souviendront a Tavenir
et ne se desinteresseront pas du sort de
ces infortunes.
Nous avons a remercier M. le Pasteur
John Bost pour la tournSe qu'il a faite en
Angleterre et en Ecosse.
II a re<ju un accueil encourageant et le
^rSsultat de sa collecte qui s'Sleve & pres de
Digitized by LjOOQ IC
LES ASILES JOHN BOST 79
14.000 frs nous fait esperer qu'il continuera
a etre, aupres de nos freres Anglais et
Ecossais, Favocat fidele et heureux de
notre CEuvre.
Nous avons eu, pour notre part, de douces
joies dans nos tournees de collectes en
Suisse, dans le pays de Montbeliard, dans
l'Est et a Paris.
A cote des dons pour les depenses cou-
rantes nous avons re<ju largement pour
Bethesdapar sommes de 20.000 francs, 5.000
francs, 1.400 francs, 1. 000 francs, et au
dessous, k preuve cette lettre d'une mere de
famille. « Comme Tan passe nos enfants font
une loterie pour le cher B6thesda Rien
n'est trop ni trop difficile pour Laforce. Nos
enfants prennent the et cafe sans sucre.
Les morceaux de sucre sont mis dans une
boite : quand elle est pleine on me la vend.
C'est pour chacun un sacrifice de tous les
jours pour BSthesda. J'estime que tous ces
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1
$0 LES ASILES JOHN BOST
petits sacrifices font encore plus de bien k
-ceux qui se les imposent qu'a ceux qui en
profitent. » Oui cela est vrai. L'homme qui
a. essuyS des yeux mouilles de larmes, celui
qui a humect£ des levres dessechees par la
fievre, celui qui a mis une etoile dans le
<ciel d'une vie sombre, celui qui a fait sur-
gir la gaiety, le chant des oiseaux et le
parfum des fleurs fraichement epanouies,
•dans une chambrette d£sol£e, celui qui a
•donn£ quoi que ce soit en y mettant quelque
chose de son coeur et pour l'amour du Sei-
gneur Jesus, celui-l&, qu'il soit riche ou pauvre,
connu ou inconnu, fait partie de ces 61us
dont il est dit que « leurs ceuvres les
suivent. »
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LES ASILES JOHN BOST 8 I
CONCLUSION
Est-il necessaire de conclure ? Chers bien-
faiteurs, levez vos yeux, regardcz tout cc
peuple de desherites qui s'attend h vous.
Pouvez-vous supputer et puis-je moi-meme
vous dire tout ce qu'il y a de souffrances
ici?
Nous avons besoin de vous pour les al-
leger quelque peu, dans une bien faible
mesure. Nous ne pourvoyons en effet qu'aux
besoins exterieurs et pressants et le rests
qui est le plus lourd, le plus delicat, c'est
Dieu qui s'en charge. Lui seul, en effet,
peut donner le calme, la patience, la re-
signation, le courage necessaire, et la force
pour que chacun de nos pensionnaires puisse
Digitized by LjOOQ lC
82 LES ASILES JOHN BOST
porter sa croix. Lui seul peut faire cela et
il le fait doucement, peu h peu, par des moyens
qui 6chappent a notre vue et qui amenent
captifs k ses pieds ceux parfois qui se sont
revokes et n'ont pas d'abord voulu dire :
« Ta volonte soit faite ! » Dieu fait son ceu-
vre. Nous, faisons la notre ; avec Lui et
dans son esprit d'amour et de devouement.
Ne nous contentons pas de travailler nous-
memes, mais faisons de la propagande, la
propagande de la Charite. Brules par la
flamme du Saint-Esprit, nous fondrons les
blocs de glace, nous galvaniserons les indif-
ferents, nous entrainerons les indecis.
Quant a nous des Asiles, que ferons-nous ?
II y a quelques jours, une petite-fille de
John Bost qui est ici dans cet auditoire,
rendit visite a des amis. On la choya, on
lui servit un gouter vari6 auquel elle fit
honneur. Au depart elle s'ecria en guise
d'adieu : « Ici on donne de bonnes choses ;
Digitized by LjOOQ iC
LES ASILES JOHN BOST
83
je reviendrai ! » Chers bienfaiteurs qui ne
nous avez jamais donne que de bonnes
choses, comptez sur nous ! Nous revien*
drons.
Votre bien affectionne.
E. RAYROUX
(Lu et approuvc on Conscil d'Administration dans sa
stance du 9 Juin 1891)
^^.^1
^rnm!m§^
Digitized by LjOOQ iC
JLES DONS ET SOISCRIPTIONS SEROXT REfFS
FRANCE
A Laforce(T)ordcgviQ), par M. le pasteur E.Rayrocx,
dirocteur g-e'neral des Asiles.
A Paris, par MM. Mat.lkt frerks ot G ,e , banquiers,
37, rue d'Anjou-Saint-Honortf.
PAR LES « S0CIETE3 ADOLPHE » GI-APRES :
A Alais, par M ,le Arbousset, rue Fabrerie.
ABordeaux, ohezM lla MarieHovy, 63, ruede la Course.
A Ganges, chez M ,le Hklene Lafoxt.
A La Eochelle, chez M. le pasteur Good.
A Lyon, chez M mo Oberkampf-Fitler, 20, avenue de
Noailles.
A Montauban, chez M. le professeur Jean Monod.
A Marseille, chez M me Mouune, IS, rue Grignan, et
M ,,e G. Jauge, 43 boulevard Notre - Dame.
A Mazawct, chez M mes RouviERE-HouLES, J. Bonneviuf.
A Montpellier, chez M' ne Paul Gastelnau, 34, rue
Saint-Guilhem.
A Nimcs, chez M. le pasteur Babut, rue Cle'risseau,20.
A Puu, chez M lle L. Gadier, M rae G.. Malax et M ,le J.
Meillon.
A Salies-de-Bearn, chez M Ues Bost.
A Orthez, chez M. le Pasteur Roth.
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PAR LES BIENFAITEURS DONT LES NOMS SLIVENT '.
A Annonay, chez M lle Jenny Giscard (SocitfW, dfr
Bieufaisancc).
A Cannes, chez MM. les Pastcurs.
A Castres, chez M. Boukfk.
Au Ildvre, chez M. Julien Monod, cote d'Ingouville.
A Menton, chez M. le pasteur Delapierrk.
A Mi/lau, chez M mM de Cakbon-Ferrikre. ct Merle.
A Nice, chez M. le pasteur Malax, 50, rue GiofTredo.
A Ilochefort, chez M. le pasleur Larochb (Coinittf d&
Bienfaisance.)
A Saint- Jean-du- Gar d, chez MM. lcspaslcursMEiNA.
dier ct Saltet.
A Saint-Ifippolyte-du-Fort, chez M. le p r Bertrani>.
A Saint- Affrique, chez M 110 Eugenie Verniers.
A Angouleme, chez M. le pasteur Moxbrun.
A Grenoble, chez M. le pasteur Bard, et M me Lewis,
ALSACE
A Mulhouse, chez M me E. Schlumberger, pre'sidente*
de la Socie'te Adolphe, 2, rue Lamariine, et
chez M. lo pasteur Mathieu.
A Strasbourg, chez M l,e M. Rausch, 4, rue de la
Cigogne.
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SUISSX
4L Geneve, chez M. lc professeur Bouvier-Monod,
president tic la Societd Adolphe,
M" e K. de Bude vic*-pn?sidentc\
M ,u Garolinr Gaussen, 8, rue Eynard.
et M lla Bu.NGK.\RH, cheinin Sautter, 18.
A Lausanne, chezM.BiunEL, M" 6 E. do Molin, Bellcs-
Roches et M 11 *' Louise MEYSTRR,G,ruedesTerreaux.
A Neuchatel, chez M. E. dr Pury dr Marval, et M**
Clerc-Droz, Faubourg du Gret, 3.
Au Lode, chez M m6 Saxdoz-Nardin et !!"• Faure.
GRANDE-BRETAGNE
A Tunbridge- Wells, chez Miss Davidson, de Jordan
House.
A Dlackhealh, chez Miss Fexn.
A Edimbourg, chez Miss Mackenzie, 16, Moray pi act.
A Glasgow, chez Timothee Bost, Esq 1 *, 34, Lynedoch
Street.
A Liverpool, chez W. Grosfield Esq", Annesly
Aigburtb.
A Londres, chez MM. Barclay-Ransom et C i- , 1, Pall
Mall East, et chez MM. James Nisbet et G ic , 21
Berners Street.
BEtGIQUE
A Bruxelles, chez M. IsEBAERT,ancien ofTicier d'Etat*
Major, 50, rue du Moat-Blanc, S' Gilles.
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LES ASILES JOHN BOST
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MM. les Libraires protestants et MM. les R&jacteurs
de journaux relijieux, en France et a FEtrangei*, conti-
ntieront, comme par le passe, a reoevoir les dons qu'on
voudra bien nous faire pirvenir par lear intermSliaire.
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TABLE DES MATIERES
Compte-rendu de la f&te par J. L. .
Discours de M. le Professeur Pedezert*
Discours de M. L. Domenget president
du Conseil ,
Rapport du Directeur General ......
Rapport Medical
Suite et fin du Rapport du Directeur :
General
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